Le rêve Emericain…

Émeric Agboton a 21 ans et vient du Bénin. Après un bac + 2 en commerce international, il choisit de venir en France pour poursuivre des études en informatique, mais il n’est pas retenu dans les formations lyonnaises où il avait postulé. Alors, à son arrivée il y a cinq mois, il s’inscrit à la Mission locale pour construire son projet différemment.
e-agboton2La Mission locale l’intègre dans le programme « nouveau départ », d’une durée de un mois, qui doit ensuite déboucher sur le programme « garantie jeunes ». Mené en partenariat avec Locaux Motiv’ (LM) et les Cités d’or dans le dispositif intitulé Jeun’ESS d’or, le programme « nouveau départ » consiste, pour les jeunes, à suivre des ateliers « avec des professionnels de divers horizons pour découvrir des métiers et apprendre sur soi-même », explique Émeric.
Emeric l’a donc suivi pendant le mois de septembre, participant aux ateliers organisés par Mobiped ou La Bricolerie, notamment. Une première approche de Locaux Motiv’. Puis Locaux Motiv’ lui a proposé de faire un service civique pour LM en étant spécifiquement rattaché aux projets développés par LM, ce qu’il a accepté sans hésiter, même si cela lui fait faire un crochet par rapport à son projet initial.
Au sein du dispositif, Emeric est chargé du suivi du projet en collectant des informations, aussi bien descriptives qu’analytiques. « Je dois donner aussi mon point de vue sur le déroulement des journées », raconte-t-il. « Je suis également un relais pour les jeunes auprès de Jeun’Ess d’or. Je fais aussi l’accueil avec le café. » A la fin, il préparera un bilan pour les financeurs.
Commencé en octobre, son service civique durera jusqu’en août. Jusqu’en décembre, il observera quatre « nouveaux départs », puis, en janvier, il changera de dispositif. Après une formation en informatique – on y revient – il participera aux Coding goûters.
Si Émeric a choisi Lyon parce qu’il a de la famille, il se sent tout de même un peu seul. Il est content qu’une rencontre soit prévue prochainement entre les jeunes en service civique à LM, à l’Afev et à Mozaïc RH.

Les succès de la campagne Dégooglisons Internet

En 2014, Framasoft lance la campagne « Dégooglisons Internet », en se fixant trois missions en trois ans : sensibiliser le public le plus large possible à la question de la centralisation du Net, autrement dit sa colonisation par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, lire notre article précédent) ; proposer une trentaine de nouveaux services alternatifs à ceux des Gafam, répondant à des critères de loyauté, libres de publicité, sans exploitation des données personnelles et au moyen de logiciels libres – définition en creux des services que proposent les Gafam… ; enfin, décentraliser Internet par l’essaimage de Framasoft, qui refuse de suivre le chemin des Gafam, dans le but d’offrir une meilleure  visibilité sur les logiciels communs. Ces objectifs à l’origine devaient être atteints en 2017 et ils l’ont tous été en 2016 !

Créer le buzz

Pour souffler sa deuxième bougie de campagne et créer le buzz, Framasoft a sorti en une semaine six nouveaux projets, atteignant ainsi les 30 services en logiciels libres annoncés en 2014 (voir ci-dessous).
Lundi 3/10. Framalistes.org, une alternative à Google Groups, permettant de créer, sans être obligé d’avoir un compte, des listes de diffusion pour l’échange de contenus. Depuis son lancement, 500 listes ont été créées, comptabilisant 5 000 inscrits.
Mardi 4/10. Framanotes.org, une alternative à Evernote (qui n’est pas développé par un Gafam), destiné à la création et à l’organisation de notes pouvant être partagées.
Mercredi 5/10. Framaforms.org, une alternative à Google forms, pour concevoir des formulaires, dont l’analyse des résultats est rendue possible par leur téléchargement. Le moyen de retirer à la convoitise de Google des millions d’informations.
Jeudi 6/10. Framatalk.org, une alternative à Skype (propriété de Microsoft), plus simple à utiliser, sans compte, avec une mise en relation directement dans le navigateur Web.
Vendredi 7/10. Framagenda.org, une alternative à Google Agenda.
Lundi 10/10. MyFrama, un service de stockage d’URL (adresses Web) ou autrement dit un système de Favoris en ligne et non sur l’ordinateur.

carte2016-romainsPour retrouver la liste complète des services : https://degooglisons-internet.org/liste

Pour le maintien du logiciel libre

Dans cette campagne, Framasoft a fait une 7e annonce : l’anticipation du projet d’essaimage, appelé, après mûre réflexion, « CHATONS », pour « collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires » !
Framasoft se veut être « une Amap1 du logiciel libre », et la métaphore tient la route. CHATONS est un réseau présentant sur une carte du monde d’autres Amap ou associations qui développent des logiciels libres ! Ainsi les gens qui font de l’informatique peuvent se rencontrer, discuter et participer, contrairement au fonctionnement des Gafam, qui, par la mise à distance des utilisateurs, les confinent au rang de consommateurs. Ici, on sait que les logiciels seront améliorés par l’apport des utilisateurs.
Mais le système comporte aussi les inconvénients de l’Amap. Il y a une tendance à la production restreinte : la terre d’un agriculteur ne peut servir qu’un nombre limité de citoyens, tout comme les serveurs de Framasoft ne peuvent servir qu’un nombre limité de visiteurs, et les logiciels libres n’auront jamais les mêmes moyens que les Gafam.

Petites révisions sur les Gafam

Alors pourquoi lutter contre les Gafam ? Grâce à leur capitalisation boursière, les Gafam sont devenus en quelques années les cinq plus grosses entreprises mondiales. Elles sont désormais les maîtres de l’économie, dont l’influence n’a pas été anticipée. La collusion entre les États et les Gafam représente un danger inédit, car, par leur captation de l’information, elles agissent comme des espions sur toute la planète. Aujourd’hui les États, et notamment les États-Unis, ne peuvent plus se passer des Gafam. Un véritable empire du numérique américain s’est constitué, qui, à l’instar du plan Marshall d’après-guerre, vend au monde un modèle de vie.

Le modèle de vie à la sauce Gafam

stickerdio_apple-2Google, c’est la concrétisation du village mondial théorisé dans les années 1980. Un milliard d’êtres humains utilisent Gmail ! Il faut imaginer un service postal mondial contrôlé par une seule personne.
Apple impose une domination culturelle en termes de normes de design, qui dépassent l’esthétique puisque, au sein des applications, par sa censure, Apple édicte des normes sociales et morales.
Pour Facebook, l’objectif est de construire un graphe social qui enregistre une traçabilité des interactions entre les personnes.
Amazon, c’est le grand commerce des produits manufacturés, notamment des livres, qui tuent les librairies.
Microsoft, avec Windows, détient 80 % des parts de marché des ordinateurs – quand Apple a le reste – et investit massivement dans l’intelligence artificielle, qui, dans peu de temps, concernera tous les domaines de la vie quotidienne (voiture, santé, ADN, robotique…).

Voici venu le temps des communs

A cette vision du monde imposée par les Gafam, Framasoft veut apporter le seul projet politique qui la contrecarre : les communs, et ici les logiciels libres. Framasoft veut, en quelque sorte, tirer la sonnette d’alarme, face à ce qui avant pouvait être pris pour de la science-fiction et qui aujourd’hui est une réalité. D’autant que leur essor ne fait l’objet d’aucune réflexion préalable – il n’existe en effet aucun comité d’éthique dédié aux questions soulevées par le numérique. Framasoft n’entend pas jouer David contre Goliath ou concurrencer ces mastodontes, elle cherche à agrandir l’espace du bien commun pour collaborer au montage de projets numériques sans l’utilisation des Gafam. Il s’agit d’un choix politique et individuel à faire !

Pour en savoir plus : Framasoft, framasoft.org et degooglisons-internet.org

  1. Association pour le maintien de l’agriculture paysanne.

Covoit’Ici… et au-delà !

JpegPrendre un ticket pour un trajet en voiture comme on prend le bus, c’est l’idée développée par Ecov et son projet de covoiturage public Covoit’Ici. Depuis septembre dernier, la société parisienne a établi ses quartiers régionaux à Lyon, avec un bureau à Locaux Motiv’.

Sur place, l’équipe est composée d’Olivier Maffre, chargé de développement régional, épaulé par Justine Poder, stagiaire. L’un et l’autre ont suivi le master Altervilles entre l’IEP de Lyon et l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, axé sur les politiques et stratégies urbaines. Leur mission est de mettre en place les partenariats publics et privés qui permettront de concrétiser dans les prochains mois ce dispositif de covoiturage public sur de courtes distances, encore inédit en Auvergne-Rhône-Alpes. « L’approche est similaire à celle des transports publics », souligne Olivier. « Il s’agit de mobiliser les sièges libres en voiture pour proposer un service de covoiturage et ainsi améliorer l’accessibilité en milieu péri-urbain comme dans les zones rurales ».

Covoitici n’est pas blablacarcovoitici

Actuellement, le projet piloté par Ecov depuis son siège parisien, a posé ses premiers jalons en Ile-de-France, dans le département du Val d’Oise, autour de Cergy-Pontoise, où une dizaine de stations sont déjà installées. Le service Covoit’Ici repose en effet sur la présence de stations de covoiturage connectées qui permettent au passager de prendre son ticket pour un trajet puis d’attendre le passage d’un conducteur. Un panneau permet au potentiel conducteur de repérer quant à lui le trajet et la demande du passager. Si le trajet est sur son parcours, il s’arrête. Le passager donne ensuite son ticket au conducteur qui pourra être remboursé, via le site de Covoitici, pour le service rendu. En région parisienne, ce sont une vingtaine de stations qui sont en perspective. Pour l’agglomération lyonnaise, à suivre donc.

portrait pied

Devenez coproducteur d’un projet documentaire sur la réalité du nucléaire !

Jusqu’ici tout va bien, projet porté par La Société des Apaches, structure résidente de Locaux Motiv’ est en pleine campagne de financement participatif. L’occasion de découvrir ce projet ambitieux auxquels tous peuvent s’associer. Jean-Baptiste Fribourg, producteur, répond aux questions !

Comment est né le projet ?

Au départ il y a la rencontre avec la réalisatrice Christina Firmino, qui souhaitait travailler sur la question du nucléaire civil en France. Son déclic à elle, c’est un gros coup de frayeur alors qu’elle se baladait dans le Bugey et qu’une sirène d’alarme s’est déclenchée. Elle a tout de suite pensé qu’il y avait eu un problème sérieux dans la centrale voisine ! Ce n’était qu’un exercice au final, mais la peur qu’elle a ressentie ce jour-là est restée gravée en elle. De là est née son idée de questionner la possibilité d’un accident nucléaire sérieux en France.

Quels enjeux à produire « un documentaire de plus » ?

C’est la première question qu’on s’est posée avec Christina. Il était absolument inenvisageable de refaire un film qu’on a tous déjà vu, et qui ne s’adresse qu’aux convaincus. Il nous fallait donc trouver une forme qui nous permette de dépasser cet écueil, d’où l’idée de se projeter dans un futur plausible mais encore difficilement imaginable pour nous. La catastrophe (c’est le titre du film) se passe en 2019, un an après l’explosion du Tricastin. Pour autant le propos reste résolument documentaire, on ne s’embarque pas dans une fiction avec effets spéciaux ! Christina va aller à la rencontre d’interlocuteurs légitimes sur la question nucléaire (scientifiques, élu-e-s, journalistes, militants écolo…), comme dans un documentaire classique. Par contre ces interlocuteurs devront jouer le jeu de replacer leur propos dans ce contexte post-catastrophe, pour essayer de donner à voir les conséquences d’un tel cataclysme sur notre territoire. Tchernobyl et Fukushima, tout le monde connaît l’ampleur de ces désastres, mais l’éloignement géographique nous tient à distance de la réalité de la catastrophe. A contrario envisager le pire au Tricastin fait vraiment froid dans le dos et renvoie à notre responsabilité collective face à la gestion du risque. Je vous invite d’ailleurs, pour découvrir l’univers post-catastrophe que nous commençons à imaginer, à visiter le site du Bureau d’Information sur l’Ecosystème Nucléaire, qui chronique l’actualité de la zone interdite du Tricastin.

Pourquoi un financement citoyen ?

Deux raisons à cela. La première est liée aux transformations de notre métier : il nous est de plus en plus difficile de financer des documentaires audacieux sur le fond et la forme, les accès aux guichets d’aide à la création sont de plus en plus restrictifs et les diffuseurs définitivement frileux ! On doit donc être de plus en plus inventifs pour chercher des financements, et le crowdfunding fait partie des outils qu’on peut parfois mobiliser. Pour autant ce n’est pas une recette miracle, et on ne lance pas un financement participatif sur tous nos projets. Ici ça s’y prêtait bien, car on s’est dit que sur la thématique nucléaire on pouvait mobiliser des gens déjà concernés et organisés pour qu’ils nous soutiennent. Mais c’est un boulot considérable que d’animer une campagne de crowdfunding, et d’ailleurs on se fait aider sur la stratégie réseaux sociaux par une autre résidente de Locaux Motiv’, Stéphanie de La Fabrique à Liens.

Et puis nous nous sommes associés au collectif item pour cette campagne, qui produit le volet contemporain du documentaire d’anticipation de Christina : le photographe Romain Etienne va réaliser une série de reportages sur la gestion du risque dans toute la filière nucléaire française, des anciennes mines d’uranium aux déchets. Il en tirera un livre et une exposition, autant d’objets, avec le film, dont la vocation est de nourrir le débat sur la question nucléaire, débat particulièrement vivace ces temps-ci !

Comment soutenir la campagne ?

Bien évidemment en contribuant, via la plateforme Touscoprod ! On a défini plein de niveaux de contributions, avec des contreparties qu’on espère variées et sympa, et aussi des contreparties collectives. Par exemple une association anti-nucléaire de la Drôme s’est cotisée pour donner une grosse somme et se réserver une projection de La catastrophe. C’est super motivant pour nous !

Et bien entendu, la première aide, qui ne coûte rien celle-là, c’est de relayer la campagne et de nous aider à faire connaître le projet, via la page Facebook et le compte Twitter.

Ouvrir, démontrer et accompagner

A la suite de l’assemblée générale de Locaux Motiv’ (LM), qui s’est tenue le 2 avril dernier, pour laquelle on vous invite à lire le compte-rendu de la journée (lien vers l’article), on a souhaité, avec Emmanuelle Jouas, la chargée de développement, présenter ici un tour d’horizon des projets portés par LM en partenariat avec d’autres acteurs, dont l’essence est l’ouverture de LM sur le quartier et en faveur de l’économie sociale et solidaire (ESS).

P1100487

Le développement de projets à destination des habitants du quartier fait partie de l’ADN de LM. Les cofondateurs, structures impliquées dans l’éducation populaire à la Guillotière, ont souhaité se regrouper dans un espace mutualisé pour faciliter les initiatives citoyennes.

Après deux années consacrées à la structuration du lieu (gouvernance et modèle économique), le poste de chargé de développement a été créé avec l’ambition de déployer le volet animation.

La proximité des adhérents a généré tout de suite de la coopération. En témoigne, en 2012, l’organisation du Mazagran événement porté par des adhérents de LM, qui a réuni les acteurs du quartier.

Accompagnement à l’entrepreneuriat social. Mis en place en 2015, un partenariat avec Ronalpia, incubateur de projets socialement innovants, vise à accompagner un entrepreneur social. Le premier porteur de projet bénéficiaire est Exit Sauve qui peut, une initiative citoyenne autour de la récupération et la valorisation des déchets (upcycling) via des ateliers participatifs de création d’objets du quotidien ou artistiques.

DSC_6498

Les Coding goûters. Les Coding goûters sont animés par un bénévole de Framasoft, adhérent de LM, dont l’objectif est de transmettre, à travers le jeu, l’appropriation du langage informatique et la production de données numériques à destination des familles du quartier. Les six Coding goûters organisés depuis 2014 ont été une réussite, car ils ont notamment touché des enfants qui n’ont pas accès à l’informatique.

Coding gouter 1

La programmation 2016-2017 vise à développer les ateliers en trois axes : 1/ l’éducation numérique par le jeu, un samedi après-midi par mois, à destination des familles ; 2/ l’essaimage de la pratique du code par des cycles de formation à destination des professionnels, comme les animateurs des espaces publics numériques (EPN) et toute personne désireuse de se former pour transmettre cette pratique ; et 3/ l’optimisation de l’usage du numérique (gestion adhérents, facturation, réseaux sociaux…) auprès des responsables de petites structures de l’ESS au service de la stratégie de leur structure. Ces axes sont développés sur des logiciels libres.

             Coding gouter 3                          Coding gouter 2

JeunESS logo defJeun’ESS d’or. Ce projet est emblématique de la dynamique citoyenne recherchée par LM. Il est né de la rencontre entre les Missions locales, LM et les Cités d’or, mouvement d’éducation à la citoyenneté qui aide les jeunes et les moins jeunes à devenir acteur de leur vie. Le projet Jeun’ESS d’or vise, en complément de cette acquisition des compétences fondamentales, à proposer aux jeunes sans emploi et ne suivant ni études ni formation, ceux qu’on surnomme désormais les « Neets », pour « not in employment, education or training » en anglais, une mise en situation professionnelle, notamment sur les nouveaux métiers de l’ESS.

JeunESS cine JJB

Le programme concerne une petite quinzaine de jeunes pour des sessions de deux mois, pendant lesquelles une série d’ateliers leur ait proposé : cinéma et vidéo (« On tourne à Jeun’ESS d’or ») avec Service compris, résident à LM, outils numériques et recherche d’emploi ou de logement, avec le Crij (Centre régional d’information jeunesse), upcycling avec Exit – Sauve qui peut (nomade à LM) et écologie urbaine avec l’atelier du Chat perché (réparation vélo) pour ouvrir sur les métiers liés à la mobilité, dans lequel intervient Mobiped, résident à LM, et Brin de Guill (usager de LM) pour aborder le jardinage en ville. L’institut Egaligone proposera également un cycle sur les stéréotypes filles / garçons.

               Exit 1                   Exit 3

Les ateliers se déroulent sur une demi-journée, une journée voire une semaine pour l’atelier vidéo.

LM, animaRhone solidairesteur de la plateforme Rhône Solidaires. Plateforme participative des acteurs de l’ESS, en réseau avec la plateforme régionale Rhône-Alpes Solidaire, rhone-solidaires.org est un outil de promotion de l’ESS. L’animation s’organise soit dans des espaces ouverts au grand public (forums ESS ou de l’emploi), soit en mobilisant des acteurs autour de thématiques spécifiques.

Au sein de comités de rédaction, la plateforme est enrichie collectivement de contenus produits par les acteurs pour mettre en lumière les apports de l’ESS dans certains secteurs de l’économie : emploi et ESS, alimentation durable, mobilité douce, consommation différente pour les fêtes de fin d’année, petite enfance et à venir le traitement des déchets/recyclage. L’animation de cette plateforme positionne LM comme l’un des acteurs essentiels de l’ESS auprès des partenaires : Ville de Lyon, Métropole de Lyon et la Ville de Villeurbanne qui rentre dans le projet.

Le réseau CoworCoworking Grand Lyonking Grand Lyon. Locaux Motiv’ est cofondateur du réseau, dont la charte a été signée en 2014. L’objectif est de différencier les espaces de coworking des centres d’affaires ou de la simple location de bureaux. La notion de coopération est au cœur des projets de ces espaces : circulation des informations (partage d’expériences) et des coworkers Des réunions mensuelles permettent aux signataires de la charte de partager leurs expériences et d’envisager des actions communes (coworking Tour en 2014 et 2015 pour valoriser cette autre façon de travailler auprès du grand public et des responsables de collectivités intéressés par la création d’un espace sur leur territoire). Le réseau envisage par ailleurs d’organiser en novembre prochain les assises du coworking, pour partager ses réflexions sur ces nouvelles formes de travail et ce qu’elles produisent.

crédits photo Jeun'ESS d'or : Jean-Jacques Bernard — Crédit photo couverture (CC BY-SA) : Bertrand Paris — Crédit photo EXIT : Anne-Laure Letourneux — Crédit photo Coding goûters (CC BY-SA) : Emmanuelle Jouas

Retour sur l’AG 2015 : un haïku aux petits oignons !

Cette année, le rapport d’activités 2015 de Locaux Motiv’ (LM) — à télécharger en pdf ici, et ses annexes là — non seulement a été terminé dans les temps, mais ne comporte pas de conclusion ! Pourquoi ? parce que le projet associatif de LM s’est inscrit en 2015 dans un processus de transformation qui va courir au moins sur deux ou trois exercices.

Le président avait concocté pour l’assemblée « un PPO » – lire « un programme aux petits oignons » -, dans lequel les échanges de la journée, entrecoupés de moments conviviaux, étaient partagés entre une matinée consacrée à l’assemblée générale institutionnelle et l’après-midi, à deux ateliers de réflexion.

Le tour des commissions

Côté finances, c’est le rappel de « la task force », qui a abouti à l’installation de huit postes nomades et à l’agrandissement de l’open space, projet pour lequel l’association peut se féliciter. Cette task force a été ressentie comme emblématique de la manière dont se font les choses à Locaux Motiv’ : de bonnes idées, de l’intelligence partagée et une bonne dose d’énergie mise en œuvre ! Elle donne également aujourd’hui une assise financière qui permet de prendre des risques ! Autre point-phare de la finance, l’embauche d’une comptable, Alice Dupuis, dont LM assure la gestion de sa mise à disposition dans certaines structures membres de l’association.

Pour la communication, le chantier signalétique a été mis en stand-by, en raison des réflexions de changement en cours. La commission souligne la parution de la newsletter, dont la vitesse de croisière est désormais stabilisée, et l’implication de Justine, en service civique en 2015, à l’articulation entre la commission coopération et la commission communication, dont elle est désormais référente.

La commission coopération exprime, pour sa part, un essoufflement et fait appel aux bonnes volontés.

Du côté de la commission accueil, des efforts ont été faits pour canaliser mieux les nouvelles demandes (entrants à LM, locations de salle, postes nomades) au travers des outils d’inscription, désormais disponibles en ligne.

La commission technique s’est occupée de mener la coordination des artisans pour des chantiers dont LM n’a ni la compétence ni le pouvoir de décision.

La commission relations institutionnelles se félicite de la dynamique des échanges avec les collectivités territoriales, dont le regard sur LM a beaucoup évolué.

Enfin, la commission juridique s’attelle à la réalisation du document unique de sécurité.

Une conclusion ouverte

Au final, un beau dynamisme des commissions en 2015, mais dont le fonctionnement suscite deux interrogations de fond : la rotation au sein des commissions au-delà du renouvellement des membres et la spécialisation, avec le temps, des personnes, qui comporte un risque de fragilisation de la structure en cas de départ. Le mode projet, à l’inverse, peut s’avérer très efficace, car la demande en investissement est ponctuelle et fléchée.

La redéfinition du projet associatif en cours amène à conclure que c’est la dernière fois que le rapport d’activités est présenté en trois axes (mutualisation, coopération, mutualisation). Présentation du rapport d’activités 2015 et de ses annexes.

Les projets du volet animation

Emmanuelle Jouas, la chargée de développement de LM, a ensuite présenté les différentes actions développés par le volet animation, dont seuls les intitulés seront cités ici, car elles font l’objet d’un article à part (« Ouvrir, démontrer et accompagner ») : Coding goûters, Goûters découverte, Jeun’Ess d’Or, animation de la plateforme Rhône Solidaire, dispositif en partenariat avec Ronalpia, Coworking Tour…

Au travers de cette année d’activités menées en partenariat, LM a acquis une reconnaissance auprès des partenaires institutionnels et cherche son articulation avec les différents acteurs privés. LM a besoin d’une mobilisation plus importante pour que les missions réflexion/stratégie et mise en œuvre opérationnelle soient pleinement exercées. Un chantier « besoin et suivi en ressources humaines » est aujourd’hui lancé, afin d’être en mesure de déterminer la réponse à apporter à la montée en puissance du volet animation de LM, réelle et souhaitée.

29 : le chiffre d’or ?

Avec un compte de résultats positif et une rationalisation des budgets menée par Alice, les documents financiers sont approuvés à l’unanimité. La matinée se termine par l’élection des nouveaux membres du conseil d’administration. En dehors des 19 résidents membres de droit, 3 membres usagers et 7 membres sympathisants sont élus, pour un total de 29 administrateurs.

DSC_7940

Remue-méninges et projections vers l’avenir

Après un repas, pendant lequel chacun était invité à écrire un haïku de quatre lignes sur LM, dont le gagnant est présenté en exergue de l’article, les ateliers de réflexion se sont déroulés en deux temps autour de deux questions, déclinées en deux nouvelles propositions, dont on vous livre le contenu ci-dessous. Les réponses sont le fruit d’une synthèse :

Question n° 1 : Si Locaux Motiv’ n’existait pas, que manquerait-il, pour soi et pour le monde ?

– [Il manquerait pour moi] « un environnement de travail convivial, solidaire, dans lequel se partagent des idées, des énergies, du sens collectif et de l’enrichissement mutuel ».

– [Il manquerait pour le monde] « une preuve qu’un modèle alternatif porteur d’une âme collective et citoyenne est possible ».

Question n° 2 : Dans deux ans, que veut-on que soit Locaux Motiv’, dans son fonctionnement entre les adhérents et dans les relations avec l’extérieur ?

  • Structurer le lieu en deux axes bien identifiés : espace de coworking et tiers-lieu, facilitateur de projets et pôle de ressources et d’accompagnement d’initiatives qui agissent dans le sens de la transition sociétale ;
  • Professionnaliser la ressource humaine afin que l’investissement bénévole consacré à l’autogestion du lieu se réoriente vers des projets plus stimulants ;
  • Redéfinir les rapports avec les institutionnels par un passage en coopérative ou en société coopérative à intérêt collectif (scic), statuts permettant de les associer différemment, tout en favorisant l’autonomie financière et politique par une diversification de l’offre de services et de formation par les membres adhérents ;
  • Essaimer le projet, afin que LM, relais bien identifié de l’ESS, développe de manière décentralisée son modèle dans d’autres lieux plus thématiques (artistiques, créatifs…).
Photos Creative Commons CC BY-SA : Bertrand Paris 

On tourne à Jeun’ESS d’or

Dans le cadre de la programmation des ateliers Jeun’ESS d’or, quatre jeunes ont participé dans les murs de locaux Motiv’ (LM), du 29 février au 4 mars dernier, à une initiation à la vidéo, animée par l’association Service compris, adhérente à LM.

JeunESS cine JJB 2

A ces jeunes, qui rencontrent de nombreux obstacles face à l’emploi – absence de diplôme et de formation, origines –, il a été proposé « une lettre filmée » : mettre en scène un entretien d’embauche, en tournant en dérision tout ce qu’on peut demander aux jeunes d’aujourd’hui. Résultat : on assiste à l’échange entre le recruteur, le patron de la boulangerie Sandwichinho, qui attend tout du candidat : des diplômes à revendre, de l’expérience professionnelle, des horaires hyperfractionnés et un salaire au smic, et un jeune qui est en mesure de dire oui à tout (master coupage de pain, BTS sauce…).

JeunESS cine JJB

L’expérience s’est montrée très enrichissante pour ces quatre jeunes, immergés pour une semaine au sein de LM, partageant l’environnement et les repas. Côté atelier, ils ont coécrit le scénario, se sont répartis en deux équipes de deux – une à la caméra et au son et l’autre au jeu d’acteur – et ont à nouveau en commun fait le montage du film et son making-off, qu’on peut voir à la suite du film.

Le dispositif Jeun’ESS d’or est le fruit d’un partenariat entre Locaux Motiv’, les Cités d’or et la Mission locale. Les jeunes ont pu présenté leur réalisation devant les partenaires et exprimé leurs retours d’expérience. A refaire !!!

Vous pouvez regarder le film en cliquant sur le lien suivant : Sandwichinho

crédits photos : Jean-Jacques Bernard

Cites dor logo        AGR2       Un monde par tous        DDCS      Impression

Arnaud Carpentier, « j’aime les lieux de brassage »

Arnaud Carpentier est content de l’organisation qu’il a réussi à mettre en place, lui permettant d’allier sa vie personnelle, le travail et ses aspirations à s’investir dans l’associatif, car, avoue-t-il à demi-mot, « je suis revenu de l’investissement politique ».

En prenant la location d’un bureau à Locaux Motiv’ en janvier, il quitte deux ans et demi de travail à domicile « où la frontière perso/pro ne se fait pas ».

Arnaud, c’est un homme de réseaux et de contacts. Quand il raconte son parcours professionnel après un DESS[1] en management culturel à Aix-en-Provence, cet originaire de Tain-l’Hermitage retrace un enchaînement de missions « dans des boîtes de potes », dont celle qui l’a amené aux Cahiers du cinéma, où il s’occupe de la publicité. « Je ne suis pas un commercial dans l’âme », revendique-t-il, et les Cahiers lui offrent « un vrai positionnement dans leur défense du cinéma militant et d’auteur ».

Constitué en Sasu, société par actions simplifiée unipersonnelle, dans laquelle il est à la fois gérant et salarié, il travaille à distance en ne se déplaçant à Paris qu’une semaine par mois, occasion qui lui est donnée de garder les liens avec sa vie d’avant. Mais si son chiffre d’affaires progresse depuis qu’il est arrivé à Lyon trois ans plus tôt, il n’atteint pas le plein-temps. Il cherche donc de nouvelles missions « un peu plus dans le culturel ».

A Locaux Motiv’, il commence à prendre ses marques dans les bureaux, mais « j’aimerais maintenant les prendre dans mon investissement ». Il se reconnaît dans les idées sociales et politiques portées par Locaux Motiv’. « Les lieux de brassage », c’est son truc, et agir pour renforcer l’implication de Locaux Motiv » dans le quartier, ça lui irait bien.

[1] Le diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS), diplôme de l’enseignement supérieur de niveau bac+5 a été remplacé par la réforme Licence-Master-Doctorat (2003-2006) et l’harmonisation européenne des grades universitaires par le diplôme de master.

logo ACDLR

Le point de vue sur… la gonette par De l’Autre CôTé de la Rue

De l’autre côté de la rue, épicerie locale située dans le 3e à Lyon et adhérente-usagère de Locaux Motiv’, ne prend pas, à ce jour, la gonette. Explications.

Le projet d’une monnaie alternative est symboliquement fort, affirme Pierre, salarié-associé de l’épicerie, et nous ne sommes pas hostiles par principe à la monnaie locale lyonnaise, au contraire. Cependant, la gonette, telle qu’elle est instituée aujourd’hui, n’apporte pas vraiment de plus-value aux principes fondateurs de l’épicerie, et à sa charte.

De l’Autre CôTé de la Rue est très implantée au sein de réseaux de producteurs, de professionnels et de consommateurs actifs dans le domaine des circuits-courts à Lyon, qu’elle contribue à développer depuis une dizaine d’années. La gonette tente de s’appuyer en partie sur ce réseau organisé et autonome et sur d’autres, tout en visant beaucoup plus large. Or le suivi de la mise en œuvre concrète des éléments de la charte gonette par ces nouveaux acteurs reste à mettre en place, pour que la cohérence générale du réseau gonette soit lisible.

L’équipe de l’épicerie considère ainsi que la gonette ne va pas contribuer dans sa forme actuelle de manière suffisante au renforcement et au soutien d’un système économique vraiment alternatif, ayant des valeurs sociales et humaines fortes.

En second lieu, parce que De l’Autre CoTé de la Rue est au bout de la chaine commerciale et elle se verrait contrainte de changer une très grande partie de ses gonettes en euros auprès de la banque. Cette démarche serait soit très coûteuse pour l’épicerie, soit (si le système de taxation du change est supprimé) contre-productif pour la gonette et son sytème économique.

Finalement, le poids de son développement repose beaucoup sur les structures déjà très engagées dans les valeurs listées dans sa charte, mais le gain économique (en termes d’image notamment) bénéficie aux acteurs les moins engagés sur ces mêmes terrains :

– Pour les moins engagés : un faible impact logistique et un fort impact de communication

– Pour les lieux militants (et particulièrement pour les petites structures) : un fort impact logistique et financier, un surcroît considérable en temps de travail pour la gestion d’un moyen de paiement supplémentaire et un faible impact de communication (le public sensible à la gonette est déjà clients de ces lieux).

Pierre rapporte ainsi le sentiment de l’équipe, qui est d’étudier les dispositifs qui pourront être mis en place par la gonette pour compenser ces difficultés logistiques d’intégration pour les structures comme la sienne et de suivre avec intérêt les évolutions de ses orientations de développement.

NDLR: Cet article s’inscrit en complément de l’intérêt porté au projet de la gonette, évoqué lors d’un article précédent

Sylvère Angot, un thésard à Locaux Motiv’ !

sylvèreArrivé à Locaux Motiv’ en début d’année pour se joindre aux « nomades », Sylvère Angot planche actuellement sur sa thèse. Portrait.

Inscrit depuis 3 ans à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, en Sciences politiques et en sociologie, après un master 2 à Lyon 2, Sylvère s’intéresse à l’action publique et à la sociologie du travail.

L’axe de recherche de sa thèse concerne plus spécifiquement la question des réformes liées à la réduction des effectifs de fonctionnaires et à la fusion de services. Question d’actualité, s’il en est !

Sylvère a choisi de concentrer sa réflexion sur deux directions régionales en particulier : celle de la cohésion sociale et celle de l’équipement, de l’aménagement du territoire et du logement, qui dépendent, l’une, du ministère de la cohésion sociale et l’autre, du ministère du développement durable… Deux milieux, bien différents, qui intéressent Sylvère.

Après sa thèse, Sylvère projette d’intégrer un poste de post-doc à l’université puis de devenir maître de conférence. En dehors de la recherche, Sylvère est impliqué dans une association d’éducation populaire basée à Paris, qui se nomme Préfaces (réseau des Crefad), et propose des formations de développement personnel autour de l’esprit critique et de l’action collective.

Ce qui l’a motivé pour un poste nomade à Locaux Motiv’ ? L’envie d’écrire sa thèse dans un environnement propice aux échanges et découvrir le milieu associatif de la Guillotière, car il habite le quartier…