Retour sur le festival le Temps des communs

2015 a vu la seconde édition du festival le Temps des communs à Lyon. Festival international, organisé par le réseau francophone des communs du 5 au 18 octobre dernier, cette manifestation avait pour objectif de donner à voir et à comprendre « les communs ». Cette notion désigne généralement l’activité de collectifs qui s’organisent pour protéger, partager et réguler des ressources matérielles (jardin partagé, foncier solidaire, habitat participatif, tiers lieux citoyens, etc.) ou immatérielles (données, cartographies ou sciences ouvertes, logiciels libres, énergie autogérée, etc.). Au total, une quarantaine d’événement ont été organisés à Lyon et 70 en Rhône-Alpes.

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A l’origine de ce réseau, des représentants du monde du numérique libre et du secteur associatif francophone, des personnes ayant participé à des forums sociaux mondiaux, des chercheurs, qui se réunissent de manière informelle à Paris en 2012 et qui sont mués par le désir de faire vivre la société des communs. Cette notion, mise également en avant par Framasoft dans le numérique (voir Notre vie numérique nous appartient-elle ?), remonte au Moyen Age et désignait les pâturages ou les terres agricoles loués à titre gracieux aux paysans pour que leur exploitation et leur utilisation en soient partagées. Primaient alors l’usage et la gestion collaborative de la ressource (en l’occurrence la terre) sur son appropriation exclusive. Mais, au XVIIe-XVIIIe, il y a eu la « tragédie des communs » avec la privatisation des terres, puis progressivement d’autres ressources comme l’eau ou la connaissance.

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Notion politique par excellence, les communs mettent en jeu la démocratie participative et l’engagement de chacun dans des décisions qui concernent l’avenir de tous. Lyon n’est pas la seule ville qui a investi les communs. A Barcelone, la ville est gérée sur ce principe, à Toulouse, on s’apprête aujourd’hui à mettre en place une assemblée des communs, à Brest, c’est la Mairie qui développe les initiatives et, à Montpellier, une Maison des communs le temps d’un week-end a vu le jour… A Lyon, l’heure est au bilan. Le souhait est de faire perdurer la dynamique initiée par le festival et de mobiliser les forces en présence, qui sont les idées de demain !

 

En savoir plus : le site du festival http://tempsdescommuns.org ; http://lyon.tempsdescommuns.org

Les beaux jours des coopératives d’habitants

GrandCouleur2Fede2Depuis dix ans, Habicoop, association pour la promotion et l’accompagnement des coopératives d’habitants,  œuvre à travers toute la France, depuis son siège social à Lyon. Le mouvement se développe et les projets se multiplient, notamment grâce à la loi pour l’accès au logement et à un urbanisme rénové dite loi Alur, votée en mars 2014, à laquelle Habicoop a fortement contribué. L’émergence de quantité de nouveaux projets est venue imposer la nécessité de structurer ce mouvement. Habicoop s’est constituée en une Fédération nationale des coopératives d’habitants, destinée à militer pour la reconnaissance de cette voie alternative du logement (la fameuse « troisième voie » entre la propriété privée individuelle et le logement social). Avec des missions bien distinctes, la nouvelle association Habicoop Aura (pour Auvergne-Rhône-Alpes) devient l’un des relais locaux en région de la Fédération nationale.

La Fédération Habicoop : la traduction d’une réussite

Le Village vertical de Villeurbanne, qui, depuis 2013, est la première coopérative française d’habitants, a ouvert la voix, en tant que projet pilote. Il a nourri la loi Alur, qui reprend les statuts et les valeurs des coopératives d’habitants portées par Habicoop et fait la démonstration qu’un essaimage est possible. Malgré les avancées, du chemin reste à faire : l’action de lobbying auprès des pouvoirs publics doit se renforcer et le mouvement doit trouver une ampleur nationale. La Fédération reprend ces deux objectifs à son compte.

VIL VERTIC

Le premier volet, le plus pressant, c’est le suivi de l’écriture des décrets d’application de la loi Alur pour que ses principes deviennent effectifs. L’autre volet revient à faire vivre le développement des relais en région. L’objectif est de permettre la création d’associations régionales, que la Fédération se propose de coordonner, en organisant la professionnalisation des acteurs et la mise en place d’outils d’accompagnement, notamment financiers. La Fédération souhaite se doter prochainement  d’un fonds de mutualisation des coopératives d’habitants pour soutenir les projets locaux.

La légitimation d’un montage spécifique de l’habitat participatif

Les valeurs portées par les coopératives d’habitants définissent un choix bien spécifique de l’habitat participatif  : un projet démocratique et non spéculatif, qui s’oppose à une gestion de copropriété classique aux tantièmes et source d’investissement locatif. La coopérative d’habitants est une propriété collective, qui constitue la résidence principale de tous les coopérateurs, qui ont chacun une voix dans les instances décisionnelles. L’entretien et l’animation des parties collectives sont assumés par les coopérateurs.

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La création de la Fédération permet ainsi de veiller au respect des valeurs portées par la Charte d’Habicoop. Concernant la non-spéculation, la Fédération va désormais prendre un part sociale dans chaque coopérative et aura sa voix et ainsi un droit de veto pour toute modification statutaire pouvant entraîner une dérive. Les autres valeurs coopératives seront garanties par la révision coopérative, qui est devenue obligatoire par la loi relative à l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014.

La naissance des relais locaux

La Fédération compte aujourd’hui deux relais locaux : Habicoop Aura en Auvergne-Rhône-Alpes et Atcoop en Aquitaine. La possibilité de monter une association régionale en Languedoc-Roussillon est en cours de finalisation, et une autre en Normandie est actuellement à l’étude.  Chaque relais aura pour mission l’accompagnement des projets et des actions de lobbying menées auprès des partenaires locaux, dont l’approche sera facilitée par cette légitimité et visibilité nationale.

Habicoop Aura, qui garde son siège social au même endroit que la Fédération, à Locaux Motiv’, peut aujourd’hui se concentrer sur les projets en cours, notamment la coopérative Chamarel-les-Barges, dont la construction débutera prochainement à Vaulx-en-Velin.

Envie Rhône : une envie d’avenir

Avez-vous déjà entendu parler des D3E ? RECYCD3E pour déchets d’équipements électriques et électroniques, appareils que nous utilisons tous les jours : frigo, lave-linge, lave-vaisselle, four, fer à repasser ou téléviseur, et qui produisent une quantité non négligeable de déchets quand on s’en débarrasse. Environ 50 kg pour un lave-linge ! L’association Envie Rhône s’est donné comme objectif, depuis 1992, de donner une seconde vie à ces D3E en alliant réparation/revente à l’insertion socio-professionnelle. Fort de ces vingt-trois années d’existence, l’entreprise s’est depuis diversifiée et structurée autour du groupe Envie Rhône-Alpes comptant aujourd’hui 140 salariés, dont une centaine en parcours d’insertion, toujours dans les métiers de la valorisation des déchets.

« Un acteur majeur de l’insertion socio-professionnelle »

Matthieu Frieh, chargé de communication d’Envie Rhône, précise bien que « l’insertion par l’activité économique est la condition d’existence de l’association ». Née de l’initiative conjuguée d’associations caritatives lyonnaises, Emmaüs Lyon, le Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris et l’association du Prado, avec des industriels implantés en région, Darty et Seb, Envie Rhône a accompagné, depuis sa création, 900 personnes professionnellement et socialement.

Aujourd’hui, vingt personnes sont inscrites dans un parcours d’insertion chez Envie Rhône, qui peut durer jusqu’à vingt-quatre mois. Suivies par un chargé d’insertion et un référent Pôle emploi, ces personnes bénéficient d’une formation dans les ateliers et le magasin aux « métiers de demain », comme la qualifie Matthieu Frieh, et d’un accompagnement social visant à régler leurs problématiques de logement, santé, mobilité et langue, afin qu’elles retrouvent leur autonomie.

Envie Rhone

Économie circulaire et solidaire

Les D3E proviennent essentiellement des distributeurs qui appliquent la directive sur la « responsabilité élargie des producteurs » en reprenant les équipements usagers lors de leurs ventes. Envie Rhône rénove les appareils électroménagers et les commercialise dans son magasin situé dans le 7e, à des prix très bas et avec un an de garantie.

Ouvert à tous, le magasin propose la marchandise à une grille tarifaire particulière aux bénéficiaires des associations fondatrices et partenaires. Des projets de conventionnement sont à en ce moment à l’étude avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire du territoire, tels que le Gesra (lire l’article « le Gesra, la voix des épiceries sociales et solidaires ») et autres réseaux de la consommation responsable. Il serait question de parrainer leurs publics, leurs salariés et leurs bénévoles pour leur permettre d’accéder à un électroménager « citoyen et malin » !

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Un pas supplémentaire vers l’avenir

Depuis 2015, Envie Rhône-Alpes réunit cinq entreprises sociales, toutes entreprises d’insertion ou coopérative. Ces entreprises misent donc sur la complémentarité de leurs métiers et la recherche de synergie. De la collecte, en passant par la valorisation jusqu’au réemploi d’électroménager Envie Rhône-Alpes agit sur l’ensemble de la filière des D3E. Ce sont chaque année près de 10 000 tonnes qui sont collectées et valorisées par ces entreprises pour 5 000 appareils sauvegardés.

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En 2016, pour ce qui concerne l’activité de rénovation, Envie Rhône investira dans de nouveaux ateliers et modernisera son magasin. Autant d’ambitions qui donnent l’Envie d’être saluées.

Adresse du magasin : 12 Rue Cronstadt, 69007 Lyon, tél. 04 72 71 71 52

« Nomades » à Locaux Motiv’ !

Depuis le mois de juin dernier, Locaux Motiv’ a transformé une partie de son hall d’accueil en espace de travail pour des indépendant(e)s en postes nomades… Qui sont-elles(ils) ? Que font-elles(ils) ? Portraits express !

 

nomade Emmanuelle LBEmmanuelle Lucien-Brun : L’Agence qui marche

Après avoir été salariée pendant une quinzaine d’années dans le secteur industriel, Emmanuelle prend un nouveau virage en 2011, en créant L’Agence qui marche. Un tournant lié à sa passion pour la montagne. La nouvelle activité d’Emmanuelle, titulaire d’un brevet d’État, est de proposer des randonnées accompagnées en moyenne montagne (raquettes, marche nordique) pour tous les publics (enfants, famille, comités d »entreprise) aux alentours de Lyon et dans les massifs (Chartreuse, Jura, Vercors, Pilat…). L’Agence qui marche chapeaute par ailleurs une activité de conseil en communication et de relations presse, destinée en particulier aux secteurs de l’environnement et du tourisme. Si Emmanuelle a opté pour un poste nomade à Locaux Motiv’, c’est avant tout pour « rompre l’isolement et ne plus travailler de chez soi, rencontrer des gens dans un lieu doté d’un esprit et faire du lien professionnel ».

Plus d’infos sur lagencequimarche.com

 

nomade AndreaAndrea Garcia : Andrea Garcia Consulting

Issue de la grande distribution, où elle a été manager pendant quinze ans, Andrea se définit comme « optimiste, humaniste et volontaire ». Consultante en marketing, Andrea souhaite accompagner « les leaders » désireux d’aller dans le sens « du bonheur de leurs clients et de leurs salariés ». Une démarche qu’elle compte bien mener auprès des entreprises traditionnelles comme de l’économie sociale et solidaire, « où la valeur de leader est moins bien perçue ». Selon Andrea, « le leader est une personne dotée d’une légitimité, technique ou stratégique, capable de transmettre la bonne information, de veiller au maintien de l’objectif et à la bonne marche du projet ». Parmi les secteurs qui intéressent Andrea : l’environnement, la réinsertion ou l’alimentation. Adhérente du Mouves, Andrea est membre de la coopérative d’activités et d’emploi Escale Création. Si Andrea a rejoint Locaux Motiv’, c’est par goût « du partage de valeurs, de connaissances et d’affaires. J’apprécie ce collectif pour son statut et sa façon de travailler ».

Plus d’infos sur agarciaconsulting.com

 

nomade Anne LaureAnne-Laure Letourneux : Exit, sauve qui peut !

Anne-Laure est une jeune femme, qui est animée par une passion : inventer et créer de nouveaux objets, beaux et utiles, à partir de matières usuelles recyclées. Cette valorisation de nos déchets du quotidien s’appelle « l’up’cycling » ou le recyclage par le haut. Désireuse de faire de sa passion son gagne-pain, elle imagine aujourd’hui son activité. Accompagnée en cela par Ronalpia et Locaux Motiv’ dans un partenariat inédit, elle dessine son plan d’actions et bénéficie pour ce faire d’un accès privilégié en tant que nomade à LM. En cette rentrée, elle se lance dans l’animation de plusieurs ateliers, tous publics, à la Maison des Rancy, le lundi soir tous les quinze jours ou à LM les samedis après-midi une fois par mois, notamment. Elle aime l’espace qui lui est offert à LM pour travailler hors de chez elle, rencontrer d’autres personnes et créer des synergies. Elle s’est sentie tout de suite « chez elle », en retrouvant des amis du réseau et est fière de faire partie de cette aventure. Le lieu est pour elle plein de ressources et elle se sent valorisée par tous les retours sur son projet. Son objectif : ouvrir un atelier bricothèque à LM !

Plus d’infos sur facebook.com/exitsauvequipeut

Lire aussi les articles « Exit, sauve qui peut ! » et « Première saison d’ateliers up’cycling » sur le site de Locaux Motiv’

 

nomade MayaMaya Allan, biostaticienne, chargée d’études

Maya se présente comme une épidémiologiste/biostaticienne, ce qui signifie qu’elle travaille sur la gestion de données dans des projets liés à la santé. Elle mène des enquêtes et intervient sur les mécanismes de suivi et d’évaluation des résultats. Depuis un an, elle a opté pour le statut d’auto-entrepreneuse et offre ses prestations de services à des associations. Aujourd’hui, elle a un contrat avec le collectif Les morts de la rue, pour lequel elle assure la gestion de leur enquête nationale. Son expérience professionnelle, elle se l’est forgée à l’étranger, notamment en Afrique, où elle a enchaîné des contrats de consultance pour des ONG spécialisées dans la lutte contre le sida et la tuberculose. C’est par Résonance humanitaire, une association d’anciens humanitaires qui aide ceux qui sont sur le retour à réussir leur reconversion dans la société française, qu’elle à entendu parler de Locaux Motiv’. Ressentant le besoin de sortir de chez elle pour travailler et de se sociabiliser davantage, elle trouve en LM le lieu « juste parfait », un prix attractif, des valeurs, un attachement à des enjeux sociétaux et le potentiel pour construire, comme elle en a l’objectif, un réseau d’associations qui tournent autour de la précarité.

Offre de rentrée sur les espaces nomades !

Vous qui êtes indépendant-e, qui allez reprendre votre activité à un rythme effréné et qui vous rendez compte, au retour des vacances, que travailler chez soi, ce n’est vraiment pas possible…

Locaux Motiv’ pense à vous !

Pour fêter la rentrée dignement, nous vous proposons de profiter des espaces partagés et conviviaux de Locaux Motiv’ grâce à une offre spéciale :
pendant 3 mois, votre poste nomade est à seulement 70€HT/mois* (au lieu du prix habituel de 80€HT/mois) !

L’occasion de découvrir cette offre pratique et pas chère pour se lancer dans l’aventure du coworking, et en découvrir tous les bénéfices. Il vous suffit d’adhérer à l’association (25€/an, toute la procédure est détaillée ici) pour profiter de ces premiers mois à prix d’essai. Et c’est sans engagement ! Vous êtes libres de partir quand vous voulez (chaque mois est simplement dû en entier à partir du moment où il est entamé à un moment ou un autre).

Venez nous rencontrer lors de l’apéro-découverte de rentrée, ou bien écrivez-nous à coworking(at)locauxmotiv.fr pour avoir plus d’infos !

*Offre valable pour les mois de septembre, octobre et novembre 2015, soumise à adhésion et l’acceptation de votre dossier (rassurez-vous, il est léger, le dossier !) par la commission d’accueil.

Artis, l’art et le sens du collectif

Active dans le quartier de la Guillotière, où elle est ancrée depuis une dizaine d’années, l’association Artis se définit comme un lieu de pratiques musicales collectives, ouvert aux amateurs. Rencontre avec Régis Heindryckx, chargé de développement, et musicien.

«La logique de notre association est d’être participative. Les activités sont faites pour et par les adhérents », souligne Régis. « Nous offrons avant tout un cadre à la pratique musicale collective pour des musiciens amateurs. Nous sommes une sorte de facilitateur pour les groupes ». Le principe d’Artis n’est donc pas de mener à une professionnalisation, mais plutôt de proposer à ses adhérents un encadrement musical, et ce dans une vraie démarche de loisir et de partage. L’association est animée par une équipe composée de neuf personnes, dont huit musiciens, et accueille environ 120 adhérents par an, de tout âge. Artis est également un lieu de création, de répétition, de production et d’appui aux projets musicaux.

Un incubateur de groupes

Des musiques actuelles, aux percussions africaines, en passant par les musiques de rue et l’orchestre vocal, les possibilités de pratiques musicales sont multiples chez Artis, que l’on soit instrumentiste ou chanteur(euse). Chaque groupe bénéficie de temps de répétitions dans les locaux, peut enregistrer ses morceaux et participer à plusieurs concerts dans l’année, programmés dans un festival ou une autre structure culturelle. L’association abrite également des groupes à part entière, comme Nargazam, formation jazz, la Fanfare des pavés (musiques du monde) et Bal’Artis (rock). Si la professionnalisation n’est pas l’objectif d’Artis, deux groupes, désormais reconnus et autonomes, sont nés au sein de l’association : le groupe cabaret fanfare Drap Houss et Jeudi 13, formation entre soul, funk, rock et jazz.

Crédit photo Xavier Boymond

Un acteur du quartier Mazagran

Impliqué dans la vie du quartier Mazagran, Artis se joint chaque année, à travers la participation de plusieurs de ses groupes, dont la Fanfare des pavés, à des temps forts musicaux et culturels, comme le Festival en fanfare. L’association est aussi partenaire d’autres structures voisines, comme Arts en scène ou encore de la compagnie de danse La Myrtille Sauvage, du Zèbre et la Mouette et des Zurbamateurs. Si vous souhaitez découvrir un peu plus la démarche musicale proposée par Artis, il vous suffit de venir à sa Journée Portes Ouvertes, le 22 septembre 2015 à partir de 17h. L’association recherche, notamment, des instrumentistes (saxophonistes, bassistes…), désireux d’intégrer un de ses groupes pour jouer en concert la saison prochaine.

Artis, Musique, Bazar et Compagnie , 24 rue Mazagran, Lyon 7e. Renseignements au 04 78 69 13 73

Crédit photo de couverture : Benoît Verzat / Propos recueillis par Emmanuelle Berne, bénévole à la commission communication de Locaux Motiv’

Exit, Sauve qui peut !

ExitAnne-Laure Letourneux est de retour en France depuis un an, après quelques années passées à l’étranger, où elle s’est forgé sa conception de son investissement par le travail : agir au sein d’un quartier pour favoriser les rencontres entre des personnes de tous âges, sensibiliser chacun et chacune sur nos choix de consommation en encourageant des pratiques responsables par rapport à l’environnement et faire vivre en chacun de nous notre part créative sur un mode collectif d’échanges de savoir-faire. Tous ces objectifs sont réunis en un seul projet, qui s’apparente à de l’upcyling, qu’elle a appelé Exit Sauve qui peut !, pour faire court et frapper les esprits. Elle souhaite le décliner dans un format coopératif et par l’animation d’ateliers collectifs de réparation de biens, valorisation ou création, dans le quartier de la Guillotière. C’est à ce titre qu’elle a été choisie par Locaux Motiv’ (LM) pour inaugurer le dispositif, en partenariat avec l’incubateur de jeunes entrepreneurs sociaux Ronalpia, d’accompagnement de porteurs de projets innovants, sur le quartier. Rencontre…

 

 

Peux-tu nous parler plus en détail de ton double accompagnement par LM et Ronalpia ?

Je dois avouer qu’en Rhône-Alpes, les jeunes entrepreneurs sont bien encouragés au développement de leur projet. Il existe beaucoup de dispositifs. C’est Emmanuelle Jouas, la chargée de développement de LM, qui m’a parlé de Ronalpia. C’est elle qui m’a aidé à structurer mon projet, en remplissant le dossier de candidature et en esquissant un premier budget. J’appartiens bien à la promotion Ronalpia 2015, mais, du fait du tout nouveau partenariat LM/Ronalpia, je n’ai pas suivi la sélection officielle. Je suis le cobaye de ce nouveau co-accompagnement. J’ai assisté à une première réunion d’information avant le dépôt de mon dossier, et c’est LM qui m’a donné la réponse trois mois plus tard. Je bénéficie donc d’un suivi pendant un an. Les services de Ronalpia sont de six ordres : des entretiens mensuels autour de la stratégie que je mets en place, des ateliers sur les outils de gestion à maîtriser ou d’autres thématiques spécifiques ESS, des échanges au sein des « lunchs inspirants » avec des entrepreneurs sociaux de référence, des séances de conseils et de mise en réseau, la mise à disposition d’un espace de co-working, à LM en l’occurrence, et l’encadrement par un parrain.

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Si j’ai bien compris, ton parrain est un résident de LM…

Tout juste. Louis Bourgois est mon parrain. Je le rencontre tous les mois avec une personne de Ronalpia. Il m’aide spécifiquement sur la gestion de projet. Il m’apporte un regard et une réflexion sur la viabilité économique du projet et la mise en réseau. C’est un éclairage tout à fait intéressant et dynamisant. Nous avons en fait des ressemblances dans nos parcours. Il a travaillé dans l’humanitaire à l’étranger et notamment pour Handicap International, comme moi.

Quels sont les partenariats que tu as déjà mis en œuvre ou que tu souhaites développer ?

Les partenariats sont pour moi essentiels, car je suis seule et mon projet est d’ampleur. Cette question m’amène à penser ces partenariats en cinq catégories de potentiels ressources le secteur de l’upcycling, la récupération des matières premières, l’approche des publics, la diffusion (exposition) et la vente des mes créations et les lieux ressources. Je m’aperçois aujourd’hui que mon étude de marché s’est transformée en création de partenariats. A force de nouer des contacts, d’échanger sur les agendas et les bons plans, des choses se mettent en place.

Exit poupeeLe meilleur exemple est ma collaboration avec Hélène Causse, de la structure Efemera. Nos expériences et compétences se complètent et nous menons plusieurs projets ensemble, dont l’animation d’un stand sur le temps des cerises à Confluences ce week-end.

En tout cas, pour la partie récupération des matières premières, mon premier partenariat, c’est mon réseau personnel de famille, d’amis et de voisins, qui me donnent breloques, colliers ou habits, par exemple. Je ramasse également sur les trottoirs dans les encombrants laissés par les gens, des miroirs ou des petites assiettes, et sur les chantiers ou dans les grandes surfaces pour récupérer des gravas ou des cartons. Pour l’instant, je travaille avec des choses qui sont faciles à récupérer.

Quand je suis allée voir les structures pour faire mon étude de marché, j’ai utilisé un questionnaire pour à la fois voir comment je pouvais m’insérer dans le puzzle et commencer à tester ce qui marche et ce qui ne marche pas. J’en ai démarché une trentaine. J’ai donc créé des liens avec des centres sociaux, celui de Vaise notamment, avec des MJC, celle des Rancy, pour connaître les différents publics et y proposer des animations ; des ateliers de créateurs pour la vente et des événements tout public ; quelques recycleries comme celles de l’Espace Créateur de solidarité à Saint-Fons ou la recyclerie de Trévoux, pour les lieux ressources. Pour le coup, il y a beaucoup à faire sur le Grand Lyon en matière de recyclage !

Quelles sont donc tes activités qui sont déjà en cours ?

Je peux citer tout d’abord, depuis janvier, les ateliers créatifs pour enfants avec le Café enchanté, un projet de café interculturel et intergénérationnel qui n’a pas encore de lieu. J’ai donc animé ces ateliers au tout début à la Fourmilière, puis, dans un atelier que je louais rue d’Anvers,. où j’ai pu, grâce à la vitrine, faire de la vente et organiser des événements et des rencontres, et actuellement à la Maison de la Guillotière. Au mois de mars, par exemple, j’ai proposé la construction de boîtes à trésors aux enfants pour mettre en place un imaginaire avec des petits riens, que je les invite à découvrir autour d’eux. Je ne donne aucun objectif, aucune contrainte aux enfants. Ils décident par eux-mêmes. J’encourage juste leur créativité, réponds aux questions et mets à disposition les matériaux et les outils Pour faire des mandalas en récup’, inscrivez donc les loustics, au prochain atelier qui aura lieu mercredi prochain, le 17 juin à 15 heures !

Exit atelier

Avec la Maison des Rancy, à partir de septembre, les lundis soirs, tous les 15 jours, j’animerai des ateliers pour adultes. Je l’envisage sur le même modèle que celui avec les enfants, pour (ré)apprendre à fabriquer des objets de notre quotidien, en proposant des réflexions sur notre modèle de société et l’échange de savoir-faire et de matières recyclées.

Avec les mouvements Zero Waste et Alternatiba, on prévoit aussi des actions dans l’espace public : collecte de déchets et œuvre collective, au début de l’été. Voilà, c’est un premier aperçu des chantiers que j’ai en cours.

Outre les partenariats, qu’est-ce qui te manque pour donner vie à ton projet ?

Je rêve d’un lieu où on pourrait tout avoir ! Une sorte de Maison do-it-yourself, dans laquelle il y aurait une recyclerie, une outilthèque, un atelier, où les gens pourraient se rencontrer et mettre en commun leur énergie et leurs compétences. Bien sûr, idéalement, ce lieu serait dans le 7e et aurait pignon sur rue, pour pouvoir faire de la vente d’objets artisanaux à bas prix. Un lieu où on oserait rentrer, avec un coin restauration et des animations culturelles… J’imagine également l’occupation de ce lieu en coopération, car il faudrait qu’il vive le plus possible et je ne pourrais pas assumer cette ambition toute seule. Voilà, le lieu idéal. Mes recherches avancent, j’ai des contacts, avec RecycLivre, notamment.

Exit enseigneEt avec LM, c’est quoi tes projets ?

Alors avec LM, on est en train de réfléchir à l’animation d’ateliers créatifs destinés aux enfants et adultes du quartier, l’après-midi ou en soirée. Devant le pas-de-porte de LM les beaux jours et à l’intérieur l’hiver. LM a sollicité la Mairie pour l’autorisation de l’utilisation de l’espace public devant les locaux. Il y aurait également une dimension réflexion sur la consommation et l’apport en matière première par le public, ainsi que, si possible, un partenariat avec des associations comme le Chat perché ou l’Atelier soudé pour des temps type « repair café ». Je suis donc dans une bonne lancée, mais avec tout ça, je manque de temps créatif personnel pour nourrir toutes ces belles perspectives.

Propos recueillis par Béatrice Weité, bénévole de la commission communication de Locaux Motiv’

Maza’Grand Evènement : Appel à bénévoles

4e édition pour le festival d’été sympathique, local et gratuit pour toutes et tous…. Maza’Grand Evènement ! C’est reparti pour les festivités, du 17 au 19 juillet, place Mazagran !

Et pour bien réussir l’organisation de cette nouvelle édition, le festival a besoin de toutes les énergies et enthousiasmes !

Si vous souhaitez en savoir plus sur le festival, rejoignez-nous les 10 et 20 juin prochain pour deux temps de rencontres et d’échanges ! Toutes les infos se trouvent dans l’agenda de notre site.

De l’argent pour nous rendre libres et heureux

Imaginez que vous imaginiez une société dans laquelle chacun reçoit pour vivre un revenu sans aucune condition (ni de ressources, d’activité ou d’inactivité, ni de charge familiale…) ni contrepartie (travailler ou se retirer du marché de l’emploi, par exemple). Un revenu inconditionnel pour permettre à chacun de ne pas connaître une situation de pauvreté et de s’émanciper du salariat.

Vous pouvez imaginer, bien sûr, la somme de questions que cela engendre et le nombre d’objections que cela suscite. Baptiste Mylondo, du collectif Pour un revenu social, nous a conviés, mercredi 6 mai, lors de l’apéro-découverte organisé par Locaux Motiv’, à voyager dans cette société qu’il considère comme possible à advenir à l’heure actuelle en France et qui ne dépend seulement que de la volonté politique. Il estime, en effet, que la création de richesses est suffisante et que les moyens techniques sont à notre disposition.

Un revenu de base, oui, mais à combien ?

Alors à droite comme à gauche, on spécule sur l’impact d’un tel revenu sur notre économie. A droite, l’objectif est de parvenir au plein-emploi, de casser ce chômage en versant aux travailleurs un montant de revenu suffisamment bas ou insuffisamment élevé pour qu’ils acceptent ces emplois non rentables au Smic. Son montant s’élève alors à 500 €/mois. A gauche, le revenu inconditionnel est censé lutter contre les inégalités en permettant aux plus pauvres de sortir de leur condition et, à chacun, d’avoir accès aux biens et services essentiels (980 €/mois, soit 60 % du revenu médian). Deux conceptions radicalement différentes du développement de la société française et du rôle des citoyens, que le spectre des divers fondements attribués au revenu inconditionnel vient illustrer.

Revenu citoyen ou revenu de citoyenneté ?

Du côté libéral, il serait un moyen de simplifier notre système redistributif, en rassemblant toutes les prestations en une seule. Une manière plus simple, donc, nous dit Baptiste Mylondo, de maintenir les inégalités. A gauche, la revue Multitude, justifie ce revenu minimum en raison du chômage et en considérant qu’il n’est plus possible d’offrir un emploi à tout le monde. Pour Baptiste Mylondo, ce revenu trouve son fondement principal dans notre condition de citoyen. « Un revenu de citoyenneté active », comme il le qualifie. S’impliquer dans la chose publique ou contribuer au bien commun exigent de nous citoyens du temps, temps libéré par ce revenu qui nous sort de la nécessité.

Un revenu pour tous, c’est bien, mais qui le finance ?

Quatre scénarios nous sont présentés reposant chacun sur quatre sources de financement possible. En premier lieu, la création monétaire. On fait tourner la planche à billets et la roue de la fortune en même temps. Deuxième possibilité, on augmente la TVA[1]. Mais là, encore, on fait tourner la spirale de l’inflation. Plus on augmente les prix, plus le revenu inconditionnel augmente, plus on consomme, moins on s’en sort. En troisième piste, on a la taxation des transactions financières (la taxe Tobin, par exemple) ou l’écotaxe. Alors là, c’est aussi incohérent que de fonder le financement du revenu sur la consommation ou la croissance productive. Il s’agirait d’asseoir le système de financement sur la spéculation. Enfin la quatrième voie que propose Baptiste Mylondo et son collectif semble la plus en cohérence avec la société que nous essayons d’imaginer depuis le début. L’imposition des revenus du travail et la taxation du patrimoine, avec l’incontournable nécessité de revoir la progressivité de l’impôt, afin que chacun participe à l’effort collectif pour pouvoir en percevoir les fruits.

Revenu inconditionnel

Un revenu pour une société différente

Alors résumons-nous. Mettre en place le revenu inconditionnel on peut, et nous voilà des citoyens qui disposons de temps ! Mais pour poursuivre cette révolution mentale que l’instauration du revenu inconditionnel entraîne chez chacun de nous, reprenons les fondamentaux sous-tendus pour ne pas sortir de cet article en pensant que tout cela, c’est bien beau, mais que ça n’est pas la vraie vie. Tout d’abord, en paroles liminaires, devant un changement de cette ampleur, il faut savoir raison garder et s’obliger à ne pas continuellement essayer de plaquer nos schémas de pensée actuels sur l’après-instauration du revenu inconditionnel. Il est impossible aujourd’hui de mesurer l’impact sur nos comportements et nos mentalités. En outre, la force du discours politique qui accompagnera cette réforme participera à l’orientation des comportements.

En second lieu, nous sommes dans un jeu de dominos. Jouer une pièce seule n’a aucun sens. Ce revenu est là pour nous amener vers une autre société, une société qui ne se fonde plus sur les inégalités ni sur la croissance matérielle et économique. Enfin, une société dans laquelle les conceptions du travail et du temps libre sont revisitées.

Des citoyens libres et heureux

Le revenu inconditionnel n’est pas là pour nous rendre oisifs. Il vient mettre un terme à cette société qui fait de l’emploi sa seule porte d’entrée et la seule source de lien, de reconnaissance et d’utilité sociale pour les personnes. Il nous invite donc à repenser le salariat et sa dimension aliénatrice. Baptiste Mylondo propose une définition positive de l’utilité sociale, qui veut que « toute activité, décidée par la personne, est utile dès lors qu’elle n’a pas été jugée nuisible par la collectivité ». L’article 4bis de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 en quelque sorte[2]. Un droit à choisir la manière d’utiliser son temps, car, dans cette société que nous nous sommes efforcés d’imaginer, le travail sera rémunéré à son juste prix et le temps libre sera considéré à sa juste valeur. Quelqu’un a levé la main contre ?

Pour poursuivre la réflexion

  • Philippe van Parijs et Yannick Vanderbroght, l’Allocation universelle, La Découverte, 2003.
  • « Un revenu pour exister », revue Mouvements, n° 73, 2013.
  • Baptiste Mylondo, Pour un revenu sans condition, Utopia, 2012.

[1]    Taxe sur la valeur ajoutée.

[2]    « Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »

Rapport d’activités 2014 : une année riche pour Locaux Motiv’

En près de quatre ans d’existence, l’association a gagné en maturité.

L’année 2014 a été marquée par une belle dynamique : nouvelles coopérations entre résidents, amélioration des capacités d’accueil, développement des temps d’animations et d’ouverture sur le quartier, création d’un poste de chargée de développement…

Retrouvez l’intégralité du rapport d’activités 2014 à télécharger en pdf.

Et l’introduction du document ci-dessous :

L’année 2014 de Locaux Motiv’ a commencé avec la mise en chantier des ambitions d’animation territoriale et la création du poste de chargé de développement. Elle s’est terminée par des nouvelles interrogations sur le modèle socio-économique de l’association liées à la mise en œuvre de la fiscalisation.

Entre les deux, une année de temps actifs, conviviaux, ouverts, investis par l’ensemble des membres de l’association qui, quels que soient leurs statuts, se reconnaissent dans les valeurs fondatrices du projet : le partage, la recherche du bien commun, la transparence, l’ouverture d’esprit, le respect, la solidarité, la bienveillance, une gouvernance ouverte.

Locaux Motiv’ gagne en maturité, en essayant de rester souple et en prise avec son environnement, ouvert et à l’écoute de la diversité des acteurs qui s’y croisent, se rencontrent et construisent ensemble des projets. Le développement et la promotion des biens communs, qu’ils soient culturels, informationnels, numériques, animent nombre des acteurs agissant à et avec Locaux Motiv’. En 2014, la place de Locaux Motiv’ dans les réseaux de l’ESS a été confirmée par sa prise en charge, en novembre, de l’animation de la plate-forme Rhône Solidaires. Ce projet, aujourd’hui porté par Locaux Motiv’, donne une dimension enrichie, à ce que produit le collectif Locaux Motiv’, assemblage mouvant, multidimensionnel, réticulaire, qui incarne la malléabilité nécessaire des organisations dans un environnement complexe.

De façon très concrète, ce rapport d’activités est la mise à plat de ce qui a constitué l’année 2014 — encore une année d’actions, d’explorations et d’interrogations fécondes.

Merci à l’ensemble des partenaires, soutiens financiers, relais, bénévoles, sympathisants pour leurs énergies, réalisations et engagements partagés. Ce rapport reprend l’ensemble des actions menées en 2014. Vous pourrez vous rendre compte que ce fut une année riche en événements et contacts variés qui permettent à LM de s’ancrer encore plus dans notre quartier et plus largement sur l’agglomération.

Un grand merci à tous ceux qui nous suivent et nous soutiennent, et rendez-vous dans un an pour un retour sur l’année 2015 elle aussi très chargée !