Rencontre avec Jean-Louis Rioual, nouveau résident à LM depuis début mars

Peux-tu nous présenter ton activité ?

J’ai l’habitude de présenter mon parcours professionnel par couches. Je suis tout d’abord journaliste-rédacteur. J’écris des articles de presse, notamment pour le Forestier privé, la revue du CRPF Rhône-Alpes – le Centre régional de la propriété forestière, qui est un service public.

En fait, j’ai commencé par la radio, c’est un peu le hasard de la vie, il y a vingt ans, en 1998-1999. A Grenoble, essentiellement, en faisant de l’actualité économique, politique et sociale. Au fur à mesure, je me suis spécialisé dans les questions sociétales, la discrimination, les migrations et la politique de la ville. Cela rejoint l’espace public, comment, aujourd’hui, on fait et produit la ville. Je suis donc aussi journaliste-producteur radio. A partir des années 2000, j’ai été producteur radio pour des radios locales, France culture et Arte radio. J’ai travaillé ainsi sur une centaine d’émissions à l’EPRA[1], une agence de presse radiophonique rassemblant à l’époque 170 radios.

Dans ce cadre de la production documentaire, j’ai pu ouvrir d’autres champs d’investigation, comme les périodes de conflits dans le monde, d’un point de vue historique. Pour l’émission la Fabrique de l’histoire, sur France culture, j’ai fait, entre autres, un travail sur les services secrets pendant la guerre d’Algérie ou encore un documentaire sur un combat qui a eu lieu pendant la Première Guerre mondiale qui a décimé un bataillon d’Australiens dans le nord de la France.

Quelle est ta position professionnelle : as-tu le choix dans ce que tu entreprends ?

J’ai toujours adapté les médias en fonction des sujets que j’avais. C’est une question de moyens et de crédibilité. C’est généralement moi qui propose les sujets. C’est une relation de confiance avec les différents employeurs.

Les années 2000, avec le Web, m’ont aussi ouvert de nouvelles perspectives, avec la possibilité de décliner sur la Toile ce que je faisais de manière assez classique (documentaires, magazines). Ce sont les Web-documentaires ou les petites œuvres documentaires (POM), que j’ai faits en tant que réalisateur multimédia. En 2011-2012, j’ai travaillé avec Fabien, de Petit Homme (membre de Locaux Motiv’ depuis un an).

Dans les formes classiques documentaires, la manière de raconter l’histoire est assez encadrée, le Web-docu ou les POM m’ont obligé de revoir la construction de mes créations. L’enjeu, ça a été de redéfinir mon métier à travers cette activité.

Et tu arrives à en vivre ?

J’ai toujours mené ces différentes activités en même temps. L’économie du Web-documentaire est suffisamment instable pour qu’on puisse prétendre vivre de ça exclusivement en tant que producteur. Je travaille avec des producteurs classiques qui souhaitent développer des formes multimédias différentes. Je suis démarché par les producteurs. En parallèle, je porte également des projets. La grosse difficulté, c’est que tout va extrêmement vite : les outils, la maîtrise des outils, le langage. C’est sans cesse en réinvention. Cela demande une vigie, de connaître des geeks…

Voudrais-tu évoquer d’autres engagements ?

En parallèle, je suis membre de la commission des œuvres sonores de la SCAM[2]. Autour de la table, il n’y a que des gens de la radio, qui s’interrogent sur la manière de réinventer le monde de la radio. C’est une instance où on fait une photographie du métier, avec la question des droits d’auteur toujours au centre. La radio, c’est un métier qui s’est fortement précarisé depuis dix ans. On observe les nouveaux outils, l’évolution des cultures, les background/volonté/espoir/modèle de ceux qui entrent dans le métier. Sur quoi reposent leurs rêves.

Je suis également membre du conseil d’administration du Club de la presse de Lyon. C’est une activité militante comme pour la Scam. Je participe à la relance de leur lettre. Le Club aide à la mise en lien des journalistes.

Comment s’inscrit ta présence à Locaux Motiv’ ?

Je connais et je suis Locaux Motiv’ depuis le début, car j’habite le quartier. La notion d’espace de coworking, je l’ai depuis pas mal de temps, par l’Atelier des médias. Le montage audio qui fait du bruit était peu compatible avec un espace partagé. Je repoussais les invitations. Mon activité se réorientant vers d’autres supports, j’ai accepté début mars. Je trouve le projet très intéressant, le dynamisme et la reconnaissance dans le quartier formidables. Pour mes activités au sein de Locaux Motiv’, c’est à voir, car il est trop tôt.

Puisque tu as évoqué l’espace public, je voudrais te demander ce que tu penses de la place Mazagran ?

C’est sûrement lié au beau temps, mais j’observe une appropriation de la place immédiate, qui répond à une demande dans un quartier dense sans espace pour se détendre ou baguenauder. C’est une belle place, presque trop belle. L’inauguration n’a eu lieu qu’il y a quinze jours, il va falloir voir l’évolution au mois d’août, car il y a peu ou pas de zones d’ombre (là où il y a les tables, par exemple). J’aimerais voir comment on été pensé les choses. Les enfants de bas âges ont leur espace dévolu, en revanche pour les ados (9-10 ans) qui ont envie de jouer au ballon, ça n’a pas été pensé (pas de cage). Mais tous les jours ils viennent et mettent leurs sacs pour marquer les buts. Le reste est très très bien pensé. Il y a le Crieur, que je trouve intéressant à écouter. Sous la pluie, les gens paraissaient nombreux à écouter. Il fait presque partie de mon paysage, de fait, je l’ai sous mes fenêtres.

Contact : 06.66.21.56.16

[1] Échanges et productions radiophoniques sont une banque publique de programmes au même titre que l’INA (Institut national de l’audiovisuel).
[2] Société
civile des auteurs multimédias.

Un web-documentaire en milieu rural : « Au village, sans prétention »

Au village, sans prétention a été réalisé suite à un appel à projets audiovisuel et à une résidence de territoire de deux mois. Au cours de cette résidence, Julien Malassigné et Jean-Baptiste Fribourg se sont immergés dans le quotidien du village de Parisot dans le Tarn-et-Garonne. Regards d’urbains sur les transformations actuelles du monde rural…

L’intitulé de l’appel à projets, lancé par l’association Le fond et la forme, portait sur le thème suivant : « La fin du village. Nouveau départ » et sur le village de Parisot en particulier, situé dans le Tarn-et-Garonne. Julien Mallassigné et Jean-Baptiste Fribourg partent tout d’abord en repérage pendant une semaine à Parisot, histoire de prendre la température de ce village du Sud-Ouest et aller à la rencontre de ses habitants.

Outre un très bon accueil, ce repérage leur permet de changer leur point de vue de départ. En effet, à Parisot, pas de néo-ruraux, juste un village luttant pour sa survie et pour rester dynamique, bien loin de cette vague de nouveaux villages qui émergent ici et là. Situé à une quinzaine de kilomètres de Villefranche-de-Rouergue, Parisot est une commune de 500 habitants, qui compte un bar, des commerces, une école, avec une centaine d’enfants, ainsi qu’un pôle médical. Les habitants travaillent pour l’essentiel sur place en tant qu’artisans, commerçants ou agriculteurs. Parmi eux, quelques-uns sont ouvriers au sein des usines d’un sous-traitant d’Airbus, situées à environ ¾ d’heure de route. Une forme de « prolétariat rural », d’après Julien Malassigné.

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La résidence s’échelonnera sur deux séjours d’un mois, donnant lieu à la construction d’un web-documentaire en cinq séquences de 10 à 20 minutes chacune. Au village, sans prétention s’articule au final autour des figures principales de Parisot, qui par leurs métiers et leurs fonctions font en sorte de garder ce village bien vivant : le maire, le médecin, les jeunes paysans, les gars du coin et les nouveaux ruraux. A travers ces cinq séquences se forme peu à peu le portrait d’un village, qui essaye de se réinventer, modestement, et auquel ses habitants restent attachés, avec pour certains des départs suivis de retours…

Un web-documentaire à voir, à diffuser, à projeter…

A voir sur placedelahalle.tv

Et sur lefondetlaforme.org/webdoc/au_village_sp/index.html

Julien Malassigné et Jean-Baptiste Fribourg font partie de la société de production audiovisuelle La Société des Apaches, résidente de Locaux Motiv’. Ils ont déjà réalisé ensemble, en 2014, un premier web-documentaire intitulé No es una crisis. Plus d’infos sur lasocietedesapaches.com.